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Nous repartons, la fatigue de la journée se fait sentir et je m'endors enfin mais pour me réveiller peu après avec un bouleversement. Le bus est à nouveau arrêté, toujours dans l'obscurité totale. "Mon Dieu" je pense, terrifiée de rester toute la nuit debout au bord de la route. Les Chinois dans les couloirs ramassent leurs sacs et s'alignent silencieusement les uns après les autres. Lorsque le dernier est sorti, le conducteur ferme les portières et démarre.
« Les avez-vous laissés là ? »
Je demande étonné, mais personne ne se soucie de comprendre ce que je demande et de me donner une réponse. Nous continuons encore quelques kilomètres puis nous sommes à nouveau arrêtés pour la énième fois. Cette fois, c'est un barrage routier. Ils prennent nos papiers, le chauffeur sort.
De la fenêtre, je le regarde discuter avec animation avec un homme en uniforme, qui évidemment l'interroge sur nous les étrangers car il prend alors la peine de venir nous voir en personne.
Une fois les contrôles terminés, il rend nos passeports avec un sourire en coin, une grimace plus qu'autre chose, et fait signe au chauffeur qui veut dire : vous pouvez y aller. Enfin, je pense, qui sait si je peux me détendre maintenant. Aujourd'hui encore, j'ai le sérieux soupçon que le but de ces voyages est de ne pas permettre aux passagers de voyager en toute tranquillité à tout prix : quelques minutes plus tard, nous sommes à nouveau arrêtés, de nouveau au milieu de nulle part, à nouveau en train de nous regarder l'un avec l'autre avec une expression interrogative.
Quel cauchemard. Les minutes passent, nous restons passifs devant le temps qui passe inutilement, d'autant plus à quoi bon se plaindre quand les gens en face de vous ne comprennent que quand cela leur convient. Mais voici la bonne nouvelle. Dans l'obscurité lointaine, des lumières apparaissent, d'abord vacillantes presque indiscernables, puis plus proches : ce sont des phares de voiture et pas seulement une voiture. Les voitures ralentissent et s'arrêtent près de nous, ce sont en fait des taxis, je m'apprête déjà à récupérer mes affaires, mais voilà les portes s'ouvrent et tous nos amis chinois que nous avions abandonnés avant le contrôle débarquent !!
Hourra, je suis tellement contente de les voir que je fais la fête aussi, ils s'embrassent, ils sautent, ils crient tous de joie, danger de contrôle échappé bref, ils remontent à bord et enfin tous ensemble on repart. En fait, l'idée d'avoir laissé ces pauvres Christs au milieu de la campagne chinoise au milieu de la nuit, loin de tout lieu habité ne m'a pas fait me sentir si calme, mais maintenant nos réfugiés sont sains et saufs, quoi sur une organisation parfaite, opération de contrebande chinoise parfaitement réussie.
Le voyage reprend et aux premières lueurs de l'aube nous arrivons à Hong Kong.
Nous descendons du bus, nous devons traverser la frontière, tout se passe bien, nous montons dans un autre minibus qui nous amènera au centre où nous chercherons une chambre pour les prochaines nuits.
Tandis que le monospace siffle sur l'asphalte lisse, j'observe les gratte-ciel élancés et élégants depuis les fenêtres, le soleil levant se reflète sur l'architecture de verre et d'acier aux reflets dorés, c'est un spectacle merveilleux. Depuis hier, nous avons fait un si grand bond économique qu'il me semble presque avoir été un véritable voyage dans le temps ; nous avons quitté les huttes et les champs des agriculteurs pour être aujourd'hui dans l'une des villes les plus technologiques et avancées du monde et moi aussi dans un certain sens par rapport à hier je me sens plus riche: J'ai encore une histoire à raconter en rentrant à la maison, en me souvenant de tous les sourires de ce soir, et encore une fois c'est une histoire avec une fin heureuse.
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